L’infidélité est une plaie silencieuse pour de nombreux couples. Elle touche autant les relations longues que les unions plus récentes, et suscite souvent culpabilité, rupture ou désir de reconstruction. Comprendre ses dynamiques, reconnaître les chiffres, et repérer les mécanismes peut aider les couples à mieux s’orienter : que l’on envisage de pardonner, de reconstruire ou de se séparer. Dans cet article, je vous propose un panorama chiffré et clinique de l’infidélité, afin de mieux comprendre ce qu’elle est et ce qu’elle peut devenir.
Qu’est-ce que l’infidélité ?
Définition et formes.
L’infidélité peut se manifester sous plusieurs modalités :
- un manquement à l’accord tacite ou explicite de fidélité dans une relation.
- un rapport sexuel avec une personne autre que le/de la partenaire ;
- une relation émotionnelle ou virtuelle importante (échanges intimes, jeux de séduction, fantasmes) ;
Pourquoi ce phénomène ?
Les motifs derrière l’infidélité sont multiples : ennui, sentiment de ne plus être vu, besoin de reconnaissance, accès facilité via le numérique ou les applications de rencontre. Dans le contexte français, certaines études montrent que l’attitude vis-à-vis de l’infidélité est plus tolérante qu’ailleurs.
Les chiffres en France : l’infidélité dans les statistiques
- En France, selon une enquête de Ifop / Gleeden datant de 2014, 55 % des hommes et 32 % des femmes ont admis avoir déjà été infidèles au cours de leur vie.
- Le pourcentage de Français ayant déjà été infidèles passe de 19 % en 1970, 30 % en 2001, à 43 % environ en 2014.
- Une autre source indique qu’environ 43 % des Français avouent avoir déjà trompé leur partenaire.
- Une enquête 2022 note que 31 % des Français déclarent qu’ils pourraient être infidèles si personne ne le savait
Infidélité et thérapie de couple : ce qu’il faut savoir
Impact sur le couple
Quand l’infidélité survient, elle ébranle la confiance, fragilise la communication et crée souvent un traumatisme chez le partenaire trahi. Même si les chiffres parlent d’un phénomène lourd, tous les couples ne se séparent pas. Le travail thérapeutique peut permettre de refonder la relation ou d’accompagner une séparation plus authentique. Les séances deviennent l’espace où la vérité, la douleur, la reprise de la parole sont possibles.
Facteurs de réussite thérapeutique
Parmi les éléments qui favorisent la reconstruction :
- l’admission de l’infidélité (et non le mensonge) ;
- un travail en couple et individuel ;
- la remise en question des dynamiques sous‐jacentes : communication, satiété émotionnelle, attentes ;
- un cadre confiance / respect / transparence. En tant que thérapeute, mon rôle est de créer un espace sécurisé pour parler du tabou qu’est l’infidélité.
l’admission de l’infidélité (et non le mensonge) ;
Conseils concrets pour les couples
Voici quelques pistes que je peux proposer à mes patients pour avancer après une infidélité :
- Se donner le temps du silence et de la présence, sans jugement.
- Mettre des mots sur les ressentis : culpabilité, trahison, honte, colère.
- Rétablir un dialogue : dire ce qui a manqué, ce qui a blessé, ce que chacun attend.
- Redéfinir un contrat de couple clair : fidélité, transparence, limites.
- Travailler la réparation : gestes symboliques, engagements concrets, patience.
Pourquoi l’infidélité augmente-t-elle aujourd’hui ?
Plusieurs facteurs sociaux et culturels peuvent expliquer la progression de l’infidélité :
- Aujourd’hui l’infidélité est moins perçue comme tabou.
- Une plus grande autonomie individuelle et sexuelle.
- L’accès facilité aux rencontres via Internet et les applications (qui augmentent les occasions).
- Une redéfinition de la monogamie et des attentes de couple.
Ces transformations ne signifient pas que les couples sont condamnés, mais que les repères bougent, d’où le rôle essentiel de la thérapie.
Conclusion : et maintenant ?
L’infidélité ne se réduit pas à un seul acte : c’est une brèche dans le pacte du couple, un signal de dysfonctionnement ou de malaise, et aussi une opportunité de transformation si l’on s’en donne les moyens. En tant que thérapeute de couple, j’invite les partenaires à reconstruire un cadre de relation nouveau plutôt que parfait.
Si vous traversez une infidélité, ou si vous craignez qu’elle se dessine, gardez en tête : vous n’êtes pas seuls, vous n’êtes pas condamnés, et l’aide est possible. Le premier geste, c’est parfois de venir ensemble en séance, parler un peu, poser les bases.